Pustulose exanthématique aiguë généralisée : médicaments ou autres ? - 16/06/22
Résumé |
Introduction |
La pustulose exanthématique aiguë généralisée (PEAG) est une toxidermie rare et sévère. Elle est caractérisée par la survenue brutale d’une éruption érythémato-œdémateuse couverte de multiples mini-pustules non folliculaires associées à une fièvre. Nous proposons d’étudier les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et étiologiques des PEAG à travers une série hospitalière.
Patients et méthodes |
Étude rétrospective monocentrique colligeant tous les cas de PEAG diagnostiquées selon les critères du groupe EUROSCAR sur une période de vingt-et-un ans (2000–2021) au service de dermatologie de Monastir. Nous avons étudié les paramètres épidémio-cliniques, biologiques, étiologiques et évolutifs de ces patients.
Résultats |
Il s’agissait de seize cas de PEAG. L’âge moyen des patients était de 41 ans avec des extrêmes allant de 7 à 76 ans. Trois cas pédiatriques ont été retrouvés avec des âges respectifs de 7, 12 et 18 ans. Une prédominance féminine a été notée avec un sex-ratio H/F de 3/4. Tous les patients avaient développé une éruption œdemato-érytémateuse parsemée des pustules non folliculaires intertrigineuses. Les lésions atteignaient le tronc dans 15 cas (93,7 %), les membres dans 13 cas (81,2 %), la face dans 4 cas (25 %). Les lésions étaient photo distribuées dans un seul cas (6,2 %). Les plis axillaires, inguinaux et sous-mammaires étaient les plus atteints. La fièvre était présente dans tous les cas. L’élévation de la CRP ainsi que l’hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles (PNN) étaient constantes. Une insuffisance rénale aiguë a compliqué l’évolution d’un seul cas. La biopsie cutanée a été réalisée dans tous les cas et a montré une pustulose songioforme infundibulaire, des kératinocytes nécrosées associées à un derme superficiel œdémateux. La PEAG était d’origine médicamenteuse dans 8 cas (50 %). Les médicaments inducteurs étaient la terbinafine, l’amoxicilline, la rosuvastatine, la gemcitabine, la famotidine et le diltiazem. Le délai moyen de survenue des lésions par rapport à l’introduction du médicament était de 5,25jours. Un cas était associé à l’exposition au mercure datant de 3jours avant le développement des lésions. Pour ce cas, on a complété par un dosage sanguin et urinaire de mercure revenant élevés. Un patch-test au mercure a été réalisé revenant positif. Chez un patient l’étiologie était post virale (COVID-19). Un cas de PEAG récidivant suite à l’exposition professionnelle à des colorants textiles a été recensé. Pour ce dernier cas, on a complété par des patch-test aux colorants textiles revenant positifs. Un traitement par dermocorticoïdes et antihistaminiques était conduit dans tous les cas. L’évolution clinique et biologique était favorable avec une résolution complète des lésions au bout de deux semaines.
Discussion |
La PEAG est caractérisée par une éruption fébrile, érythémateuse et pustuleuse dont l’étiologie est le plus souvent médicamenteuse. Elle est le plus souvent induite par les antibiotiques de type bêta-lactame et les macrolides. Les grands plis et le tronc sont préférentiellement touchés. Cliniquement, tous nos patients avaient un aspect et une topographie typique, permettant de poser le diagnostic positif en s’aidant de l’histologie. Le délai de survenu des lésions par rapport à l’évènement causal, est habituellement court de l’ordre de 1 à 4jours. Dans notre série, le délai était relativement plus long. Dans plus de 90 % des cas, l’origine de la PEAG est une prise médicamenteuse par voie générale. L’exposition au mercure par contact direct ou par vapeurs, le contact avec des allergènes ou une infection virale comme décrit dans notre série sont occasionnellement incriminés. La survenue de PEAG suite à l’exposition à des colorants textiles est une cause exceptionnelle. Dans notre série, on a recensé un cas PEAG récidivant suite à l’exposition à des colorants textiles dans un milieu professionnel. Ceci nous a permis de déclarer ce cas comme maladie professionnelle. Néanmoins, notre série se distingue par l’induction de PEAG par l’infection COVID-19 qui représente à notre connaissance le premier cas décrit dans la littérature. L’évolution de la PEAG est habituellement bénigne avec régression des lésions cutanées au bout de deux semaines comme décrit dans notre série. L’utilisation des corticoïdes topiques permet de limiter l’évolution des lésions et de raccourcir la durée de l’hospitalisation.
Conclusion |
À travers notre série, nous mettons l’accent sur une toxidermie rare de plus en plus décrite.
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Vol 43 - N° S1
P. A169 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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